Le nouveau Premier Ministre (Edito 89)

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La réalité du pouvoir du Premier Ministre est une question récurrente sous la Vème République. Cette situation tient à l'une des originalités de la Constitution de 1958 qui réside dans la mise en oeuvre d'une dyarchie complexe à la tête de l'exécutif. Pour apprécier la situation actuelle, il importe de tirer les leçons essentielles de la campagne présidentielle 2007 car ces leçons conditionnent un nouvel équilibre politique.

La victoire de Nicolas Sarkozy apporte 5 modifications majeures.

Tout d'abord, Nicolas Sarkozy est le candidat qui a toujours eu un tour d'avance. Il a engagé dés 2002 une campagne de communication dont la nature exacte était le lancement de sa présidentielle, sillonnant la France, occupant tous les espaces de liberté, distillant en permanence ses réflexions sur "l'après".

Le jour où sa campagne officielle s'ouvre, sa véritable première campagne présidentielle avait pris fin. Il a donc initié un nouveau rythme de communication. Cet agenda de campagne sera repris car il correspond à la nouvelle logique du quinquennat.

Le second élément majeur, c'est l'américanisation de la campagne active. Cette américanisation recouvre tant le contenu que les moyens d'information.

En ce qui concerne le contenu, c'est la première fois par exemple que la France connaît une telle exaltation de l'identité.

Sur les moyens, c'est la première campagne qui met en oeuvre un envahissement aussi multiple de l'actualité politique créant l'évènement de façon au moins hebdomadaire, établissant une relation nouvelle avec le show biz, faisant appel à tous les médias sans la moindre exception de la PQN à NSTV en passant par les vidéos clips.

Troisième facteur, la campagne s'appuie et donne naissance à une nouvelle France politique. La gauche réalise l'un de ses scores les plus faibles.

La droite, traditionnellement éclatée, connaît une hégémonie politique nouvelle. Depuis 1988, trois composantes quasi à égalité structuraient la droite :

- la droite bonapartiste (18%) regroupant les gaullistes,

- la droite centriste ou démocrate chrétienne (17%),

- l'extrême droite (15%).

En 2007, le candidat de l'UMP franchit le seuil des 30%. Cette situation crée des ouvertures nouvelles.

Quatrième élément majeur, le retour à une situation orthodoxe avec un Gouvernement qui porte la marque présidentielle : depuis les désignations aux postes clefs jusqu'aux opérations d'ouverture.

Cinquième élément, la réorganisation du parti présidentiel vers une direction collégiale.

Protégé de ses amis, disposant d'un Gouvernement portant la marque présidentielle absolue, disposant d'une majorité personnelle large ; Nicolas Sarkozy ouvre une étape de forte présidentialisation de la vie politique.

Cette vie politique ne porte à ce jour que 4 questions :

-l'avenir du centre,

- les conditions et conséquences de la structuration de l'opposition autour du PS,

- la réduction durable ou pas du Front National,

- l'organisation de la majorité présidentielle pour préparer le second mandat et le nouvel équilibre qui peut en résulter.

Après le tournant de l'alternance de 1981 et l'ouverture de périodes diverses dont celles de cohabitation, c'est une réelle nouvelle donne politique qui est ouverte par la victoire de Nicolas Sarkozy.

La place, le rôle et les pouvoirs du Premier Ministre ne peuvent être analysés qu'au regard de cette nouvelle donne politique.

Au sommaire de la Lettre Exprimeo 89 :
- Fiche 87 : le concept de majorité présidentielle.
- Discours 173 : le changement.
- Discours 174 : le Parlement.
- Carnet 87 : Mitt Romney, la révélation de la primaire républicaine.
- Presse : 5 faits majeurs de la semaine 21


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  • Publié le 29 mai 2007

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