Noël (Discours 211)

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Lorsqu'aux environs de l'An 330 de notre ère, l'Eglise de Rome fixa définitivement la célébration de la nativité du Christ le 25 décembre, elle le fit moins dans un souci d'exactitude que pour sa coïncidence avec les festivités, depuis l'Empereur Aurélien, du "Soleil Invaincu".

Les Papes voulurent ainsi, par ce geste, recouvrir la célébration païenne du soleil par celle de la naissance du Christ "Lumière du monde" et "Soleil de justice".

Depuis lors, toutes les références du monde chrétien se sont mises au service de la sainte Nuit où DIEU, selon la belle formule de Paul CLAUDEL "ne pouvant faire connaître, a décidé de se faire naître". Et cette fête est devenue au cours des siècles, le symbole de la bonté, de la générosité désintéressée, de la pureté et de la solidarité.

Alors, vous comprenez l'émotion et la profonde joie que je ressens aujourd'hui à être là parmi vous, à l'occasion de ce Noël 2007. Pour partager un, hélas, trop court moment de paix et d'amitié, de chaleur humaine et de complicité.

A l'occasion de cette fête, nous devons garder à l'esprit des repères qui nous permettent d'aller de l'avant.

Nous souhaitons une Nation qui s'assemble et non pas qui se déchire.

Une société qui partage et non pas une collectivité où chacun ne lutte que pour soi-même.

Ces idéaux peuvent paraître lointains pour certains. Et pourtant, ces idéaux doivent guider quotidiennement nos actions.

Ces idéaux peuvent même parfois vous paraître absents. Il peut y avoir des absences trompeuses. A cet égard, je voudrais vous rappeler ce conte de Mark Twain qui peut illustrer à maints égards les doutes de nos vies.

Un jeune garçon marche sur la plage à côté du Seigneur. Et tandis que tous deux marchent ainsi ; dans le ciel se déroule le film de la vie de ce jeune garçon. Arrivé en bout de plage, il se retourne. Il est surpris. Il constate qu'il y a deux traces de pas sur le sable mais que de temps en temps il n'y en a qu'une seule. Et chaque fois qu'il n'y a qu'une seule trace de pas, dans le film qui se déroule dans le ciel, c'est le reflet d'un moment difficile, d'une épreuve pénible. Alors le jeune garçon se retourne vers le Seigneur et lui dit "pourquoi m'as-tu abandonné dans ces moments difficiles ?".

Et le Seigneur lui répond "mon enfant, je ne t'ai pas abandonné quand tu avais besoin de moi. Quand tu ne vois qu'une seule trace de pas, c'est que je te portais".

Ensemble, nous avons partagé tant de traces.

Nous avons vécu tant d'épreuves. Vous m'avez associé à tant d'évènements personnels heureux ou tristes. Nous n'avons jamais oublié et nous n'oublierons jamais que la plus belle avancée est celle qui est franchie tous ensemble.

Voilà comment notre collectivité a toujours bâti ses futurs prometteurs.

Quand on exprime ce constat, certains l'entourent de considérations particulières parce qu'ils sont animés par une foi religieuse.

D'autres s'en sont séparés ou attendent encore pour y parvenir.

Plus connu pour ses formules parfois "offensives", Frédéric Dard a eu une formule très forte au sujet de la foi. Il a écrit : "la foi , c'est prier un doute pour qu'il protège des réalités".

Que nous soyons croyants ou pas, beaucoup ou peu, nous pouvons vivre des moments où les réalités chassent tout doute. Ces moments faits de grandes heures comme de petits riens, d'espoirs comme de mémoire, d'ambition mais aussi d'humilité.

Que cette trêve de Noël permette à chacun d'entendre respirer la musique de sa ville et d'écouter avec soin les mille petits bruits qui s'en échappent.

Cela ne s'appelle pas nécessairement le bonheur mais souhaitons que cela se rapproche beaucoup du fait d'être heureux.

Bonnes et heureuses fêtes de Noël 2007.

  • Publié le 21 décembre 2007

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