Les Verts vont-ils perdre leur influence politique locale avec le scrutin de mars 2008 ?

  • Les Verts
  • Dominique Voynet

Les Verts ont perdu beaucoup de leur poids politique avec la présidentielle 2007. Le scrutin municipal 2008 amplifiera-t-il cette donnée ?

La baisse d'audience des Verts traduit une remarquable constance de l'opinion contrairement aux premières apparences.

Dans les années 70, l'écologie a pris naissance à partir d'auteurs se revendiquant d'une nouvelle "grille d'analyse".

L'un de ces auteurs était Philippe de Saint-Marc qui dans les années 70 était le pionnier de l'écologie.

Ancien Président de la Mission d'Aménagement de la Côte Aquitaine, Professeur du 1er cours sur la politique de l'Environnement à l'IEP de Paris, auteur d'un best seller ayant pour titre " Socialisation de la nature ".

Le retour aux concepts alors développés traduit l'immensité de l'échec des Verts.

Que développaient les écologistes à cette époque ?

Leur analyse était simple : les critères traditionnels habituellement utilisés comme le PNB, le niveau de vie, la consommation d'énergie, la production industrielle ou agricole devaient être considérés comme des signes de l'activité et non pas des marques de satisfaction.

Dés cette époque, être écologiste, c'est défendre l'idée que la société telle qu'elle fonctionne n'est pas une société de progrès mais une société de régression parce qu'elle porte en elle un gaspillage massif, intensif et croissant de l'homme.

Ce militantisme conclut à l'autodestruction puisque l'homme est atteint dans ses trois aspirations vitales :
* être,
* se réaliser,
* fraterniser.

Avec cet ancrage conceptuel, les écologistes n'ont pas vocation à offrir une alternance dans un même système mais une véritable alternative pour un autre pouvoir.

Mais progressivement, les écologistes se sont inscrits dans la bipolarisation classique du régime de la Vème République.

Ils ont ainsi perdu en originalité de pensée pour rejoindre la grille de lecture socialiste et s'inscrire dans son schéma relativement homogène.

Effectuant ce pas, les Verts se sont intégrés dans une composante de l'élite politique nationale et locale et sont donc devenus une composante, comme les autres, d'un système politique qu'ils prétendaient pourtant fondamentalement récuser les critères fondamentaux.

Ce glissement s'est même accompagné de la mise en oeuvre d'alternances aux contenus insuffisamment clivants pour réduire l'alternance politique à la seule alternance de personnes.

Après avoir accepté des " règles du jeu " qu'ils dénonçaient, les Verts ont même directement participé au "jeu politique" ; c'est donc la reconnaissance d'une "alternative simulée".

Au titre de l'efficacité politique, les Verts sont devenus les représentants d'une idéologie qui n'a plus rien à dire de spécifique.

Ils ont perdu la dimension morale initiale.

Etre Vert ne signifie donc non seulement rien de nouveau mais surtout rien de différent.

Sans identité, ayant adhéré à une offre politique qu'elle contestait fondamentalement, l'écologie a été frappée d'un total désarroi. Parce qu'elle a été prise au piège du système qu'elle dénonçait, elle va subir un flingage politique encore plus sévère que les autres acteurs du système classique.

La présidentielle 2007 a constitué une étape importante. Les élections locales 2008 pourraient, voire probablement devraient, "achever" ce processus donnant naissance à une nouvelle donne politique d'un PS dominateur face à deux alliés entièrement marginalisés : les Verts et le PCF.

  • Publié le 30 décembre 2007

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