Ségolène Royal annonce enfin son OPA sur le Parti Socialiste

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Ségolène Royal officialise son intention de prendre la tête du PS, seul moyen pour bâtir une campagne présidentielle sur des bases sérieuses. Cette démarche sera également l'occasion de clarifications incontournables.

La campagne présidentielle de Ségolène Royale cachait en réalité une autre campagne et une autre échéance.

L'autre campagne, c'est celle de la restructuration des composantes de représentation de la vie politique française.

En réalité, les actuels partis politiques ne correspondent plus aux vrais clivages culturels de la société.

La ligne de partage n'est plus entre la droite et la gauche. Elle est entre ceux qui acceptent l'adaptation et ceux qui la refusent.

Ceux qui acceptent l'adaptation se divisent en plusieurs catégories :
* les activistes qui vivent cette adaptation par l'action,
* les internationalistes qui ne pensent qu'à l'avenir planétaire et acceptent pour eux ce qu'ils ont déjà vu pour d'autres,
* les rigoristes qui acceptent une partie de l'adaptation à condition qu'elle s'accompagne de certaines valeurs sûres.

Ceux qui refusent l'adaptation se divisent en deux catégories principales :
* les partisans des remparts : ils sont les défenseurs des derniers dogmes, des croyances maintes fois piétinées mais sans lesquelles vivre leur paraît impossible,
* les adeptes de protections : ils ne récusent pas l'adaptation mais elle les inquiète tant qu'ils multiplient les protections emportant par là même toute faculté d'adaptation.

Voilà aujourd'hui la vraie clef de séparation des couches de l'opinion publique.

Ces segments peuvent être baptisés de noms divers pour rendre l'étude plus " sexy " mais fondamentalement la réelle ligne de séparation est là.

La vraie campagne présidentielle, c'était le test de courage des candidats pour défendre un contenu qui réponde désormais à ces enjeux collectifs et non pas aux fonds de commerces électoraux traditionnels.

C'est un enjeu d'autant plus important que la vraie échéance est la sortie des institutions de 1958 qui, de réponse conjoncturelle à une situation évènementielle très typée, sont désormais indignes d'une démocratie moderne.

Voilà les deux vrais enjeux de l'élection présidentielle de 2007.

Sur la recomposition de la représentation politique française, Ségolène Royal portait en elle tous les ingrédients de l'enjeu. Sa popularité reposait sur des catégories qui acceptent l'adaptation douce. Son profil personnel, ses positions strictes dans certains domaines lui avaient ouvert la sympathie de rigoristes.

Mais, face à ce potentiel, une partie importante de son électorat traditionnel refuse l'adaptation. C'est le cas du PCF, des Verts et désormais d'une partie même du PS conforté en cela par des leaders comme Fabius ou Mélenchon.

L'échec électoral de Ségolène Royal a été un indicateur précis de la capacité des citoyens à accepter cette recomposition de leur représentation mais aussi la volonté des leaders à conduire cette recomposition.

Au cours des prochains mois, l'évolution dépendra de la témérité de Ségolène Royal à ouvrir de nouvelles frontières ou de son repli sur les bases classiques.

Sa campagne porte aussi sur l'autre enjeu majeur : la vraie échéance qui est celle de la sortie des institutions de 1958.

Il est désormais clair que Nicolas Sarkozy évolue vers un schéma présidentiel à l'américaine. Le Président reçoit un contrat de la Nation. Il est l'acteur, le responsable de l'application de ce contrat. C'est une présidence active, impliquée, énergique.

Il est plus difficile à ce jour de déceler le profil de " tempérament institutionnel" de Ségolène Royal.

C'est en sortant de tous ces points, que cette clarification sera lourde de conséquences pour l'ensemble du débat politique.

  • Publié le 3 janvier 2008

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