François Fillon redoute les votes vengeurs

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Le Premier Ministre monte au créneau pour faire entendre sa différence mais surtout pour offrir un pouvoir d'évocation moins clivant et donc moins exposé aux votes vengeurs qui vont marquer le scrutin Européen.

La crise accélère les alternances.

Le scrutin Américain de novembre 2008 n'a pas échappé à cette tendance classique.

Avant octobre 2008, l'opinion Américaine présente trois caractéristiques :
- elle est éclatée,
- elle est déboussolée,
- elle est en mal de revanche.

Elle est éclatée, parce que devant les échecs multiples de la classe politique classique, chacun échafaude ses propres recettes. La guerre d'Irak a désacralisé les médias classiques. Bien davantage, les nouveaux supports via Internet ont créé leur espace en amplifiant la démonstration des erreurs des médias classiques.

L'opinion publique est déboussolée, parce qu'elle n'a plus confiance.

Cette confiance est ébranlée par :
- l'affaire Enron qui a été le début de la débâcle du système financier,
- par les moeurs politiques de Washington qui semblent corrompues,
- par la fonction présidentielle qui, sous GW Bush, est progressivement associée au mensonge.

Ce fut d'abord le mensonge dans le motif officiel de l'ouverture de la guerre d'Irak. Ce fut ensuite le mensonge dans l'annonce de la "mission accomplie" alors qu'une nouvelle forme de guerre allait prendre naissance.

L'opinion publique est en mal de revanche. De nombreux candidats le perçoivent au sein même du camp Républicain.

L'offre 2008 a été très pauvre parce que de nombreux candidats potentiels avaient le sentiment juste et légitime qu'ils seraient scotchés au bilan Bush et que donc la victoire deviendrait impossible.

La revanche a "joué son rôle" au sein même des candidats Démocrates où la prime au plus neuf a fait la différence.

Ce contexte a décidé du profil du "bon candidat" et de la "bonne campagne".

En effet, une campagne électorale est d'abord l'identification à un moment précis du rapport entre le profil perçu d'un candidat et l'attente de l'opinion.

Dans ce contexte, McCain a décroché non seulement parce qu'il n'avait pas d'espace entre Obama et le courant anti-Bush mais surtout parce que l'opinion craignait son côté "va-t-en guerre".

Dans ce contexte très particulier, tout son cursus historique se retournait contre ses intérêts.

Par conséquent, pour identifier l'impact de la crise, il s'agit d'identifier si l'opinion publique Française partage le même esprit que l'opinion Américaine lors du dernier trimestre 2008.

Il y a actuellement une indiscutable crise de la représentation politique en France. Cette crise larvée a expliqué pour partie le succès de Nicolas Sarkozy en 2007. Elle est probablement encore plus profonde à ce jour.

Cette crise est d'abord une crise d'identité du personnel politique. Les illustrations en sont nombreuses. L'étiage militant faiblit. L'affirmation de leadership est bloquée par des querelles internes sans fin. La fonction parlementaire n'a pas retrouvé son lustre.

La fonction gouvernementale est désormais affectée par un affaiblissement sans précédent sous la Vème République.

La présidentialisation absolue du système politique modifie toute la compétition politique. Sans un avenir de présidentiable, c'est la seconde division permanente assurée.

Dans ce paysage, il ne reste qu'une inconnue. Avec la crise financière, la crise politique deviendra-t-elle le bouc émissaire ?

L'opinion se lancera-t-elle dans une offensive de grande envergure pour manifester son insatisfaction croissante ?
Et si oui, quels peuvent en être les facteurs et les bénéficiaires ?

Pour le moment, François Bayrou semble le mieux placé pour récupérer ces "votes vengeurs". C'est là le principal danger pour la majorité présidentielle.

  • Publié le 3 mars 2009

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