Dominique de Villepin et l'obscurantisme Français

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Dominique de Villepin est aujourd'hui au centre d'un dispositif qui montre l'ampleur et la gravité d'un nouvel obscurantisme Français.

La France est à la croisée de traditions contradictoires.

Elle est la fille aînée de l'église, celle-la même de l'inquisition, du bûcher de Montségur, de la condamnation de Galilée et du silence du Pape sur la Shoah.

Mais, par ses auteurs dont Descartes et Diderot, elle se veut aussi la mère de la raison.

Comment concilie-t-elle actuellement ces "deux héritages" ?

N'assistons-nous pas à l'occupation du champ politique, économique et social par un nouvel obscurantisme intellectuel tentaculaire ?

Ce nouvel obscurantisme répond à une mécanique bien huilée.

Au départ, il y a un fait supposé qui soulève indignation, besoin de justice et même besoin d 'une justice rapide, spectaculaire supposée tourner la page de pratiques inacceptables.

Alors entrent en jeu les médias. Ils créent l'ambiance. Il faut des coupables. "On" les tient. Tout est alors retenu à charge même les dénégations. Avec quelques précautions oratoires, les coupables sont alors désignés. Coupables, l'étaient-ils ? On s'en persuadait.

Mais surtout entre aussi en jeu l'instrument classique qu'est le bouc émissaire. Les procès sont effectués en France pour qu'un auteur paye pour tous les autres passés, présents et même à venir.

Dans ce contexte, s'est on jamais demandé si un bouc émissaire est innocent ? Il incarne le mal, parce qu'il porte les péchés du monde.

Le bouc émissaire est toujours coupable pour qui l'a désigné. Il dispense chacun de l'éthique du doute, fondement même de la raison, et de celle du courage, qui n'est rien d'autre que le choix de la vérité plutôt que celui de l'approbation.

C'est le prix à payer pour qu'il remplisse son rôle expiatoire.

Au demeurant, il y a dans cela comme une cohérence qui répond à l'évolution de la "vérité judiciaire".

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, prouver ne consiste plus à démontrer la réalité d'un évènement.

Prouver, c'est amener le juge à considérer que le vrai lui est révélé, ce qui est différent.

La "vérité judiciaire" n'est donc finalement que ce dont le juge s'est persuadé, de façon indépendante ou moins.

Un soupçon fondé sur des témoignages fragiles devient rumeur, puis conviction du public, et enfin certitude des juges.

Ce mécanisme relève de la droite ligne du Moyen-Âge, où l'on soumettait l'inculpé au "jugement de Dieu". Celui qui succombait était coupable, parce que la société toute entière ne doutait pas que Dieu venait au secours de l'innocent. Donc si Dieu n'avait pas sauvé l'intéressé c'est qu'il était coupable. Dans ces conditions, le réel importe peu.

Ce cheminement montre l'étroitesse de la place du réel dans la société Française. L'imaginaire a pris le pouvoir.

L'imaginaire demande peu. C'est pourquoi il est facile de s'y tenir inconsciemment et de se l'approprier. Dès lors, la machine à produire de l'illusion politique est en place et va tourner à plein régime. Elle fabriquera à bon compte des certitudes à bon marché.

A cette dangereuse dérive, la société Française s'adonne aujourd'hui sans retenue et sans remords.

Tout l'y pousse : la perte des repères, la peur de l'avenir, le sentiment de ne plus maîtriser son destin.

Ne sachant à quel saint se vouer, elle se livre naturellement au diable, celui des croyances rassurantes, qui lui susurre que la France peut demeurer une île à l'abri des tempêtes et qu'il suffit pour cela d'en décider ainsi.

L'incapacité de notre pays à s'adapter aux évolutions du monde et cette référence incantatoire à on ne sait quelle "exception Française" n'a pas d'autre explication.

Dans tous les domaines de la vie publique, la vérité est occultée parce qu'elle est douloureuse à admettre, que l'électeur la refuse et que l'âme de la France est devenue faible.

La réalité s'efface devant l'illusion et l'illusion devient réalité.
"Merveilleuse" thérapie collective dont l'actuel pouvoir joue sans pudeur ni remords. Mais thérapie sans issue, parce qu'elle est l'exact contraire de ce qu'exige notre temps. Le piège est là. Il se referme.

Des exemples de pièges de la réalité, les exemples abondent : la dette publique, les retraites , le chômage comme mal permanent de la société Française, la sécurité sociale ...

Aujourd'hui, il y a cent exemples de cette négation des réalités les moins contestables au détriment des véritables intérêts de la France.

Désormais systématiques, de telles pratiques ne relèvent plus de simples inadvertances. Elles deviennent chaque jour davantage un mode de pensée voulu, assumé et organisé, qui consiste à faire du mensonge délibéré ou de l'illusion instrumentalisée un outil légitime du débat politique.

Au sein de celui-ci, l'irrationnel est désormais chez lui. Dès lors qu'il constitue le fondement de toute pensée religieuse, force est donc de constater que la pensée politique de la France fonctionne aujourd'hui sur le mode religieux.

La politique Française a créé son imaginaire.

La politique Française a installé ses grands prêtres, experts arrogants, intellectuels péremptoires, élus fonctionnarisés qui font commerce de démagogie idéaliste comme d'aveuglement idéologique ou de mauvaise foi ..., ils constituent un aréopage bigarré occupant les estrades et s'efforçant de vendre d'improbables illusions qu'ils disent, parfois sincèrement, représenter le progrès.

Ils habillent l'imaginaire politique qu'ils produisent sous les habits de la raison, à la seule fin de le légitimer.

Ainsi est devenue la pensée politique dans notre pays : le refus assumé du véritable esprit critique, la fuite devant les réalités, la réhabilitation de l'esprit dogmatique et finalement le triomphe de l'irrationnel. En somme, la définition même de l'obscurantisme.

C'est à ce spectacle que nous avons assisté pendant des semaines et qu'il est bon de saluer ce jour la fin d'un premier épisode.

  • Publié le 23 octobre 2009

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