Dominique de Villepin et le nouvel alignement

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Dominique de Villepin a enregistré un niveau d'intentions de vote au premier tour d'une présidentielle qui esquisse des conditions particulières éventuelles de l'alignement de la présidentielle 2012.

La période actuelle est techniquement marquée par deux originalités fortes :
1) Un outsider sans parti politique ni fonction gouvernementale de premier plan en exercice fait 8 % d'intentions de vote. D'ordinaire, pour franchir ce seuil, il faut soit compter sur une formation politique enracinée soit exercer une fonction gouvernementale de premier plan.
2) Le 8 % peut-il ouvrir un au-delà ? Jusqu'à ce jour, à l'exemple de la première réponse, c'est l'habitude qui commande : parti politique et / ou fonction gouvernementale de premier plan. Mais que se passerait-il si l'habitude ne s'appliquait pas ?

L'habitude fonctionne sur la base de la redistribution donc des réalignements éventuels.

Cette habitude repose sur des votes massifs à forte motivation idéologique. Dans ce cadre, l'élasticité est faible puisqu'il faut "convertir".

Une autre théorie met l'accent non pas sur la conversion mais sur les "mobilisations nouvelles".

Qui sont les "nouveaux électeurs" ? Combien sont-ils ?

Les nouveaux électeurs sont :
- certes ceux qui votent pour la première fois,
- mais aussi ceux qui votent ponctuellement sans ancrage idéologique,
- ceux qui s'abstiennent d'ordinaire,
- ceux qui ne se figent pas sur leur vote lors du scrutin comparable parce que ce dernier a été arrêté comme un acte isolé qui ne les engage pas à l'avenir.

Ces électeurs sont structurellement des facteurs de désalignement. Trois élections ont montré comment fonctionnent des votes de nouvel alignement.

Le premier vote fut en 1980 pour Reagan ou plutôt contre le tempérament de Carter. Hamilton Jordan, chef d'état major de Carter à la Maison Blanche, résume l'élection de 1980 : le référendum sur le besoin de Chef. Le sondage le jour du vote réalisé par CBS et New York Times a donné un chiffre étonnant : 11 % ont voté pour Reagan parce qu'il était un Républicain. Tout passait après le besoin du nouveau Chef qu'il incarnait.

Le second vote fut en 2008 pour Obama : élu des "abstentionnistes classiques" qui, pour cette occasion, sont sortis dont les jeunes et les noirs. Pourquoi ? Parce que là aussi, il s'agissait de choisir un nouveau chef qui, en l'espèce, tourne le dos à la guerre. McCain a certes payé le prix fort des mandats Bush mais il a aussi payé le prix de ses positions bellicistes personnelles.

Le troisième vote fut, a contrario, les deux dernières élections de Gouverneurs en novembre 2009 (New Jersey, Virginie). Les abstentionnistes sont retournés à leurs habitudes. Le reflux politique a été immédiat et violent.

Ces élections sont possibles quand un thème écrase tous les autres et provoque un alignement nouveau exceptionnel qui "redistribue toutes les cartes".

Par sa personnalité, Nicolas Sarkozy prend le risque de transformer 2012 en referendum sur "l'hyper-présidence Sarkozy". En réalité, le Chef de l'Etat prend actuellement deux risques techniques :
- trop s'exposer,
- trop cliver.
Par ce deuxième volet, il ne se range pas dans la catégorie du "leader affectif". Il est craint davantage qu'aimé. Un leader d'autorité doit avoir un excellent bilan car l'opinion ne lui pardonne rien lors du scrutin à la différence du leader qu'elle aime.

Si 2012 s'annonce sur de telles bases, c'est un nouvel alignement purement ponctuel qui marquera le scrutin présidentiel ouvrant des espaces et des motivations sur des bases entièrement nouvelles.

C'est l'espace de Dominique de Villepin : capitaliser le nouveau leadership sur des bases transpartisanes exceptionnelles liées à la singularité d'un scrutin marqué d'abord par un referendum sur la personnalité et la gouvernance du Chef d'Etat sortant.

  • Publié le 16 novembre 2009

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