Dominique de Villepin et la présidentialité

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Dominique de Villepin a changé. Le technocrate naguère lointain est aujourd'hui un exemple d'humanité dans des conditions que l'image ne peut trahir. L'oeil est doux. Le geste cherche le contact même s'il demeure encore timide. L'entêté dans l'argument en deviendrait presque hésitant tant il attend des informations d'autrui. Les vidéos comme les contacts directs montrent qu'il acquiert une autre dimension de la présidentialité.

Il est étonnant de constater qu'au moment où le pouvoir présidentiel rythme tout le quotidien de la vie publique française, il n'y a aucune équation disponible pour construire une "présidentialité".

En effet, la présidentielle suppose une étape incontournable : faire la preuve de ses capacités d'homme d'Etat.

En France, être présidentiable suppose être certes passé par des grands ministères régaliens. C'est nécessaire mais ce n'est pas suffisant.

Il existe une présidentialité quasi-sans code. C'est presque une énigme que de chercher à définir les critères de la présidentialité.

Michel Rocard n'est jamais parvenu à l'acquérir. Ségolène Royal a couru après en 2007 mais en vain. Nicolas Sarkozy l'a acquise très tôt en 2004. Jacques Chirac a dû beaucoup attendre de 1980 à 1995. En 1974, Jacques Chaban-Delmas l'a perdue en accélérant un calendrier qui a choqué l'opinion tandis que VGE la gagnait par un comportement contraire dans les mêmes circonstances … François Mitterrand l'a toujours eue même s'il restait éloigné du pouvoir.

De façon étonnante, ce sujet sur la présidentialité d'un leader a été peu travaillé pour dégager des critères reconnus. C'est un mélange de notoriété, de densité, d'humanité, de solidité.

Cette présidentialité ne se décrète pas. L'opinion la reconnaît parfois, la retire, ne l'accorde jamais.

Dominique de Villepin a cette présidentialité.

Le plus intéressant, c'est qu'elle est en train de changer.

Désormais il existe personnellement. Sa chance de virginité de mandat politique peut lui donner l'inventivité d'une "nouvelle République".

Mais, serait-il capable de résister au fait majoritaire qui produit actuellement des effets néfastes parce que devenu ultra-majoritaire ? A-t-il assez appris pendant les années à l'écart du pouvoir pour avoir acquis cette "gouvernance de soi" qui change la dimension présidentielle parce qu'il reste à conquérir encore beaucoup plus que la seule conquête de l'Elysée ? C'était d'ailleurs cette dimension là qui a forgé la légende de François Mitterrand.

La précision de ce contenu de présidentialité est le mystère du premier semestre 2010. A ce moment là, la présidentielle 2012 composera son "carré d'as".

  • Publié le 6 décembre 2009

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