Dominique de Villepin et la bataille logistique

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La probable démarche présidentielle de Dominique de Villepin ouvre la question des campagnes et de leur organisation logistique en dehors des formations politiques traditionnelles. Est-ce possible ?

Deux questions occupent actuellement les débats :
- est-il possible de se lancer dans une campagne présidentielle sans moyens financiers substantiels ?
- est-il possible de se lancer dans une telle campagne sans parti politique ?

En ce qui concerne les moyens financiers, l'évolution pose deux questions majeures :
- jusqu'où évolueront les dépenses de campagne ?
- les campagnes seront-elles marquées par la victoire du candidat le "plus riche" ?

Pendant la période proprement dite de campagne, les dépenses sont soumises en France à des contraintes de plafond.

Pour autant, globalement, en dehors de cette période, il n'y a aucune raison objective pour considérer que la masse financière globale des dépenses électorales devrait connaître une quelconque stabilisation.

Les terrains de présence des candidats sont en effet de plus en plus nombreux et onéreux.

Par conséquent, la dépense électorale globale va continuer à croître.

Une fois ce constat opéré, force est de constater qu'il n'y a pas de corrélation entre le montant de la dépense et la victoire ou l'échec.

L'argent n'achète pas le succès électoral. Toutes les études sérieuses conduites dans l'examen comparatif des moyens matériels montrent que l'ampleur de ces moyens n'emporte pas automatiquement la victoire.

L'interrogation nait essentiellement du seuil technique à partir duquel ces moyens financiers ouvrent l'efficacité de la campagne.

La seconde interrogation va résider désormais dans le rapport entre les cotisations importantes et les montants collectés par le fruit de cotisations faibles à l'unité mais reposant sur une récurrence d'un grand nombre de donateurs.

Ce fut là l'innovation majeure de la campagne Obama 2008.

C'est probablement là le véritable rendez-vous et l'espace d'innovation.

Aux Etats-unis, la mode est à la découverte du "mouvement Tea Party". A Boston, Scott Brown est devenu un de ses produits emblématiques. Avant son élection, il a réussi un exploit : l'objectif : récolter un demi-million de dollars en 24 heures par l'entremise d'Internet, en faisant appel aux militants conservateurs d'un bout à l'autre des États-Unis. 48 heures plus tard, il avait amassé 1,5 million de dollars !

Cette récolte en disait long sur le dynamisme des militants conservateurs, et tout particulièrement de ceux qui se réclament du mouvement Tea Party.

Né en février 2009 durant les débats sur les plans de relance économique et de sauvetage des banques, ce mouvement s'oppose avec vigueur à la dérive "socialiste" de l'administration démocrate, tout en dénonçant les républicains modérés.

Son nom fait référence à une étape charnière de la révolution américaine - le Boston Tea Party de 1773 - et ses méthodes font penser à celles que les organisations pro-Obama ont utilisées pendant la campagne présidentielle de 2008.

Le contournement des partis politiques ne peut reposer que sur des réseaux de ce type. La démarche de Dominique de Villepin pourrait être le premier test de grandeur nationale sur la réactivité des citoyens français face à de telles nouvelles méthodes.

  • Publié le 7 février 2010

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