Ségolène Royal va s'attaquer aux banques

  • Segolene Royal
  • Martine Aubry

La leader socialiste s'apprêterait à lancer une vaste offensive contre les établissements bancaires, façon pour elle de s'approcher du "peuple de gauche" mais aussi de renvoyer Dominique Strauss Kahn dans la case du ... banquier international.

Comment expliquer qu'en France les contribuables ne demandent pas davantage de comptes aux banquiers qu'ils renflouent pourtant à coups de milliards ?

Au moment où il est question de la coupure entre le "pays légal et le pays réel", n'est-ce pas là l'une des traductions de cette coupure ?

Ce climat général traduit d'abord un sentiment profond que chacun a sa vie et que cette vie n'est plus commune mais constituée d'une multitude d'îles où règnent de terribles solitudes sans fin prévisible.

Ce climat traduit surtout que les responsables politiques tournent en rond et ne sont plus des passeurs de solutions ou de sens.

Dans cette ambiance, les décideurs publics deviennent étrangers.

Bien davantage, chacun devient étranger à autrui, qu'il soit représentant élu ou pas puisqu'il n'y a plus d'espace commun mais un chapelet d'îles.

Comment modifier cette situation qui est d'abord celle d'un éclatement sans précédent ?

Il faut montrer comment la société va redevenir vivable.

La crise économique a fait imploser les repères français traditionnels dont celui de l'Etat protecteur.

Si les citoyens sont capables de comprendre que certaines pages sont définitivement tournées, ils n'acceptent pas pour autant que les nouvelles pages prévisibles soient autant anxiogènes.

La modernité n'a pas fait disparaître les peurs. Elle les met en évidence chaque jour.

Dans de telles conditions, les citoyens ne sont pas seulement
sévères à l'encontre de l'absence de clairvoyance ou pire à l'encontre de l'absence de courage pour ne pas leur avoir expliqué à temps la réalité des situations incontournables ; ils aspirent à ce que la société planétaire ne soit pas celle où ne règne plus aucune identité ni plus aucun projet.

L'individu n'a jamais existé seulement en tant que tel. Il a toujours connu et eu besoin d'autres repères collectifs. Le premier message de la période présente réside d'abord dans cet appel à la reconstruction de repères collectifs.

Si des repères positifs collectifs respectueux des valeurs fondamentales de notre société ne sont pas rapidement proposés, d'autres s'y substitueront : ethniques, religieux, sectaires, de pure proximité géographique (banlieues) …

Cette implosion produira des effets désastreux.

Cet appel des citoyens n'est pas entendu.

D'où cette évolution qui fait sombrer dans un populisme de mauvais goût exacerbant les peurs, les exclusions, les violences y compris verbales.

Les élus ne sont plus des architectes du rêve.

Ils deviennent des architectes des décombres.

Dans de telles circonstances, le populisme est une forme de duperie résidant dans l'expression que le pouvoir serait dans la rue.

Pour apporter des solutions, il suffirait d'écouter le "bon sens de la rue". Ce bon sens que les élites trahiraient en permanence car trop coupées des réalités.

Ce climat traduit la propagation de la crise à la démocratie. La pensée déraille à son tour après les finances et l'économie.

Elle défaille au point de refuser les véritables débats. Elle contemple les incohérences et les assume au lieu de chercher à les solutionner.

C'est l'absurde qui succède au désarroi. Les contradictions ne sont plus présentées comme devant céder devant un idéal qui serait la seule réponse solide. Tout se brise dont la place de la raison.

Mais il est une place que la raison a peu occupé : la responsabilité des établissements bancaires.

Ségolène Royal préparerait une vaste offensive en la matière façon de montrer qu'elle s'attaque aux puissants et représente la protection des plus faibles. Une façon pour elle d'endiguer le populisme ambiant. Pour d'autres, cette approche sera présentée au contraire comme une façon de céder au populisme ...


  • Publié le 3 décembre 2010

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